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Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/252

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Elle murmura d’une voix accablée :

— Non, mon pauvre garçon, ça n’est plus possible. Ce soir tu pleures, et demain tu me jetterais dehors. Tu ne me pardonnerais pas non plus.

Il répondit avec un si grand élan de si sincère amour : — Oh ! moi ? moi ? Comme tu me connais peu ! — qu’elle poussa un cri, lui prit la tête par les cheveux, à pleines mains, l’attira avec violence et le baisa éperdument à travers la figure.

Puis elle demeura immobile, la joue contre la joue de son fils, sentant, à travers sa barbe, la chaleur de sa chair ; et elle lui dit, tout bas, dans l’oreille :

— Non, mon petit Jean. Tu ne me pardonnerais pas demain. Tu le crois et tu te trompes. Tu m’as pardonné ce soir, et ce pardon-là m’a sauvé la vie ; mais il ne faut plus que tu me voies.

Il répéta, en l’étreignant :

— Maman, ne dis pas ça !

— Si, mon petit, il faut que je m’en aille.