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Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/254

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rons plus nous voir sans rougir tous les deux, sans que je me sente mourir de honte et sans que tes yeux fassent baisser les miens.

— Ça n’est pas vrai, maman.

— Oui, oui, oui, c’est vrai ! Oh ! j’ai compris, va, toutes les luttes de ton pauvre frère, toutes, depuis le premier jour. Maintenant, lorsque je devine son pas dans la maison, mon cœur saute à briser ma poitrine, lorsque j’entends sa voix, je sens que je vais m’évanouir. Je t’avais encore, toi ! Maintenant, je ne t’ai plus. Oh ! mon petit Jean, crois-tu que je pourrais vivre entre vous deux ?

— Oui, maman. Je t’aimerai tant que tu n’y penseras plus.

— Oh ! oh ! comme si c’était possible !

— Oui, c’est possible.

— Comment veux-tu que je n’y pense plus entre ton frère et toi ? Est-ce que vous n’y penserez plus, vous ?

— Moi. Je te le jure !

— Mais tu y penseras à toutes les heures du jour.