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Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/257

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n’ose plus ouvrir une porte dans la peur de trouver ton frère derrière elle, pour cela il faut, non pas que tu me pardonnes, — rien ne fait plus de mal qu’un pardon, — mais que tu ne m’en veuilles pas de ce que j’ai fait… Il faut que tu te sentes assez fort, assez différent de tout le monde pour te dire que tu n’es pas le fils de Roland, sans rougir de cela et sans me mépriser !… Moi j’ai assez souffert… j’ai trop souffert, je ne peux plus, non, je ne peux plus ! Et ce n’est pas d’hier, va, c’est de longtemps… Mais tu ne pourras jamais comprendre ça, toi ! Pour que nous puissions encore vivre ensemble, et nous embrasser, mon petit Jean, dis-toi bien que si j’ai été la maîtresse de ton père, j’ai été encore plus sa femme, sa vraie femme, que je n’en ai pas honte au fond du cœur, que je ne regrette rien, que je l’aime encore tout mort qu’il est, que je l’aimerai toujours, que je n’ai aimé que lui, qu’il a été toute ma vie, toute ma joie, tout mon espoir, toute ma consolation, tout, tout, tout pour moi, pendant si