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Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/63

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de trois-mâts chargés de ramures emmêlées. Les steamers hâtifs s’enfuyaient à droite, à gauche, sur le ventre plat de l’Océan, tandis que les bâtiments à voile, abandonnés par les mouches qui les avaient halés, demeuraient immobiles, tout en s’habillant, de la grande hune au petit perroquet, de toile blanche ou de toile brune qui semblait rouge au soleil couchant.

Mme Roland, les yeux mi-clos, murmura :

— Dieu ! que c’est beau, cette mer !

Mme Rosémilly répondit, avec un soupir prolongé, qui n’avait cependant rien de triste :

— Oui, mais elle fait bien du mal quelquefois.

Roland s’écria :

— Tenez, voici la Normandie qui se présente à l’entrée. Est-elle grande, hein ?

Puis il expliqua la côte en face, là-bas, là-bas, de l’autre côté de l’embouchure de la Seine — vingt kilomètres, cette embouchure — disait-il. Il montra Villerville, Trouville, Houlgate, Luc, Arromanches, la rivière de