Aller au contenu

Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les feuilles que mouille comme une onde calme la douce lumière.

Est-ce qu’ils n’éclatent pas dans notre esprit, dans notre cœur, ainsi qu’une chanson d’amour exquise, les deux vers charmants :


Et réveiller, pour s’asseoir à sa place,
Le clair de lune endormi sur le banc.


Peut-on voir le croissant dessiner, comme ce soir, dans un grand ciel ensemencé d’astres, son fin profil sans songer à la fin de ce chef-d’œuvre de Victor Hugo qui s’appelle : Booz endormi :


…………Et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l’œil à demi sous ses voiles,
Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.


Et qui donc a jamais mieux dit que Hugo, la lune galante et tendre aux amoureux ?


La nuit vint, tout se tut ; les flambeaux s’éteignirent ;
Dans les bois assombris, les sources se plaignirent ;