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Page:Maupassant - Une surprise (extrait de Gil Blas, édition du 1883-05-15).djvu/10

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amies employées dans le même magasin, et qui habitaient le même logis.

Or, il arriva bientôt qu’un échange eut lieu entre les deux ménages, un partage. Mon frère prit l’appartement des deux fillettes et garda l’une d’elles. Je m’emparai de l’autre, qui vint chez moi. La mienne s’appelait Louise ; elle avait peut-être vingt-deux ans. C’était une bonne fille fraîche, gaie, ronde de partout, très ronde même de quelque part. Elle s’installa chez moi en petite femme qui prend possession d’un homme et de tout ce qui dépend de cet homme. Elle organisa, rangea, fit la cuisine, régla les dépenses avec économie, et me procura, en outre, beaucoup d’agréments nouveaux pour moi.

Mon frère était, de son côté, très content. Nous dînions tous les quatre, un jour chez l’un, un jour chez l’autre, sans un nuage dans l’âme ni un souci au cœur.

De temps en temps je recevais une lettre de mon oncle qui me croyait toujours logé avec mon frère, et qui me donnait des nouvelles du pays, de sa bonne, des morts récentes, de la terre, des récoltes, mêlées à beaucoup de conseils sur les dangers de la vie et les turpitudes du