Aller au contenu

Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
YVETTE.

petit morceau de bois, et, le lançant dans le courant :

— Apporte ! cria-t-elle.

Le jeune homme se mit à nager, et saisissant dans sa bouche, à la façon d’un chien, la planche qui flottait, il la rapporta, puis, remontant la berge, il mit un genou par terre pour la présenter.

Yvette la prit.

— T’es beau, dit-elle.

Et, d’une tape amicale, elle caressa ses cheveux.

Une grosse dame, indignée, déclara :

— Si c’est possible ! Un autre dit :

— Peut-on s’amuser comme ça !

Un homme prononça :

— C’est pas moi qui me serais baigné pour une donzelle !

Elle reprit le bras de Belvigne, en lui jetant dans la figure :

— Vous n’êtes qu’un oison, mon ami ; vous ne savez pas ce que vous avez raté.

Ils revinrent. Elle jetait aux passants des regards irrités.

— Comme tous ces gens ont l’air bête, dit-elle.