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Page:Maupassant - Yvette.djvu/100

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de la vie pour ne pas te faire de ces idées-là. Servigny est un viveur et un égoïste. Il n’épousera qu’une femme de son monde et de sa fortune. S’il t’a demandée en mariage… c’est qu’il veut… c’est qu’il veut…

La marquise, incapable de dire ses soupçons, se tut une seconde, puis reprit :

— Tiens, laisse-moi tranquille, et va te coucher.

Et la jeune fille, comme si elle savait maintenant ce qu’elle désirait, répondit d’une voix docile :

— Oui, maman.

Elle baisa sa mère au front et s’éloigna d’un pas très calme.

Comme elle allait franchir la porte, la marquise la rappela :

— Et ton coup de soleil ? dit-elle.

— Je n’avais rien. C’était ça qui m’avait rendue toute chose.

Et la marquise ajouta :

— Nous en reparlerons. Mais, surtout, ne reste plus seule avec lui d’ici quelque temps, et sois bien sûre qu’il ne t’épousera pas, entends-tu, et qu’il veut seulement te… compromettre.

— Elle n’avait point trouvé mieux pour exprimer sa pensée. Et Yvette rentra chez elle.