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Page:Maupassant - Yvette.djvu/115

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seport pour venir en France, et qui n’a de faux que son nom et que son titre.

Elle le regardait au fond des yeux.

— Vous voulez dire que c’est ?…

Il hésita, puis, se décidant :

— Un aventurier, mam’zelle.

— Merci. Et le chevalier Valréali ne vaut pas mieux, n’est-ce pas ?

— Vous l’avez dit.

— Et M. de Belvigne ?

— Celui-là, c’est autre chose. C’est un homme du monde… de province, honorable… jusqu’à un certain point… mais seulement un peu brûlé… pour avoir trop rôti le balai…

— Et vous ?

Il répondit sans hésiter :

— Moi, je suis ce qu’on appelle un fêtard, un garçon de bonne famille, qui avait de l’intelligence et qui l’a gâchée à faire des mots, qui avait de la santé et qui l’a perdue à faire la noce, qui avait de la valeur, peut-être, et qui l’a semée à ne rien faire. Il me reste en tout et pour tout de la fortune, une certaine pratique de la vie, une absence de préjugés assez complète, un large mépris pour les hommes, y compris les femmes, un sentiment très profond de l’inutilité de mes