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Page:Maupassant - Yvette.djvu/16

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La marquise Obardi est le type de ces drôlesses élégantes. Mûre et toujours belle, charmeuse et féline, on la sent vicieuse jusque dans les moelles. On s’amuse beaucoup chez elle, on y joue, on y danse, on y soupe… on y fait enfin tout ce qui constitue les plaisirs de la vie mondaine.

Léon Saval demanda : « As-tu été ou es-tu son amant ? »

Servigny répondit : « Je ne l’ai pas été, je ne le suis pas et je ne le serai point. Moi, je vais surtout dans la maison pour la fille.

— Ah ! Elle a une fille ?

— Si elle a une fille ! Une merveille, mon cher. C’est aujourd’hui la principale attraction de cette caverne. Grande, magnifique, mûre à point, dix-huit ans, aussi blonde que sa mère est brune, toujours joyeuse, toujours prête pour les fêtes, toujours riant à pleine bouche et dansant à corps perdu. Qui l’aura ? ou qui l’a eue ? On ne sait pas. Nous sommes dix qui attendons, qui espérons.

Une fille comme ça, entre les mains d’une femme comme la marquise, c’est une fortune. Et elles jouent serré, les deux gaillardes. On n’y comprend rien. Elles attendent peut-être une occasion… meilleure… que moi. Mais, moi, je te