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Page:Maupassant - Yvette.djvu/282

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clochers et, à droite, la vue s’arrêtait sur les côtes lointaines couvertes de bois. Puis je traversai la forêt de Roumare, allant tantôt au pas, tantôt au trot, et j’arrivai vers cinq heures devant le Pavillon, où le père Cavalier et Céleste m’attendaient.

Depuis dix ans, à la même époque, je me présentais de la même façon, et les mêmes bouches me saluaient avec les mêmes paroles.

— Bonjour, notre monsieur. La santé est-elle satisfaisante ?

Cavalier n’avait guère changé. Il résistait au temps comme un vieil arbre ; mais Céleste, depuis quatre ans surtout, était devenue méconnaissable.

Elle s’était à peu près cassée en deux et, bien que toujours active, elle marchait le haut du corps tellement penché en avant qu’il formait presque un angle droit avec les jambes.

La vieille femme, très dévouée, paraissait toujours émue en me revoyant, et elle me disait, à chaque départ :

— Faut penser que c’est p’t-être la dernière fois, notre cher monsieur.

Et l’adieu désolé, craintif, de cette pauvre servante, cette résignation désespérée devant l’iné-