Aller au contenu

Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’esprit halluciné, les yeux hagards, le visage bouleversé. Et longuement, minutieusement, il a raconté dans la Vie errante toutes les impressions de ce funèbre spectacle[1]. On lui offrit aussi à Païenne de lui montrer l’asile des fous ; mais il refusa[2].

Après ses longues fugues aux pays du soleil, il rentrait à Paris, un peu plus calme, mais reprenait son existence de surmenage et de labeur intense. En même temps, il se livrait aux régimes les plus variés des médecins spécialistes, épiant en lui-même, avec toute la tension de son analyse impitoyable, les effets progressifs de la maladie. Il put cependant se faire assez longtemps illusion sur la gravité du mal : au mois de mars 1889, revenant d’une excursion en Afrique, il déclarait devant un groupe d’amis qu’il se trouvait en parfait état de santé ; Edmond de Goncourt, qui le rencontra à ce moment chez la princesse Mathilde, le trouve « animé, vivant, loquace, et sous l’amaigrissement de la figure et le reflet basané du visage, moins commun d’aspect qu’à l’ordinaire[3] ». Mais, l’année suivante, la santé de Maupassant s’est altérée d’une façon sensible ; il ne dissimule plus son inquiétude à son entourage ; Edmond de Goncourt note ce brusque changement :

  1. La Vie errante, pp. 91 à 99.
  2. A. Lumbroso, p. 411, d’après l’article de G. Ragusa-Moleti, G. de Maupassant a Palermo, déjà cité.
  3. Journal des Goncourt, t. VIII, 6 mars 1889.