Aller au contenu

Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
MADAME RÉCAMIER

faisait déjeuner cette enfant dans son salon de compagnie, sur une table de marbre, et près d’un miroir dans lequel cette petite fille pouvait se voir des pieds à la tête, probablement pour la première fois. L’émotion de la charmante bienfaitrice en voyant la joie et l’étonnement de cette petite fille, les larmes de la pitié qui coulaient de ses yeux en la baisant au front, la bonté maternelle avec laquelle elle l’engageait à manger et lui mettait dans les poches ce qui restait dans le sucrier ; les remerciements inarticulés de l’enfant, qu’il exprimait par une sorte de cri qui me remplissait d’émotion, seront longtemps présents à ma mémoire…

» Quand les envieux ne peuvent faire croire à leurs accusations contre la vertu et la moralité d’une femme aimable, ils finissent par dire qu’elle n’a point d’esprit. Si la connaissance des vérités naturelles et des produits des beaux-arts peuvent donner à une dame des prétentions à l’esprit, madame Récamier doit en avoir plus que bien d’autres.

» On me demandera peut-être comment on peut juger de l’esprit d’une femme. On peut se fier d’autant plus au jugement que je porte,