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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/140

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LES RESSUSCITÉS

lus. Le ton apologétique qui y domine n’est fait pour étonner personne. Je ne sais plus qui est-ce qui avait proposé de changer le titre en celui-ci : Mémoires de quelqu’un qui a toujours eu raison. Il y a un peu de vrai dans cette plaisanterie, mais pas autant qu’on serait disposé à le croire. M. Guizot a protesté lui-même, dans le passage suivant, contre sa prétendue infaillibilité :

« Dans le laisser-aller de la conversation, M. de Metternich prenait à toutes choses, à la philosophie, aux sciences, aux arts, un intérêt curieux. Il avait, et il se complaisait à développer sur toutes choses, des goûts, des idées, des systèmes ; mais, dès qu’il entrait dans l’action politique, c’était le praticien le moins hasardeux, le plus attaché aux faits établis, le plus étranger à toute vue nouvelle et moralement ambitieuse. De cette aptitude atout comprendre, combinée avec cette prudence quand il fallait agir, et des longs succès que lui avait valu ce double mérite, était résultée pour le prince de Metternich une confiance étrangement, je dirais naïvement orgueilleuse dans ses vues et dans son jugement. En 1848, pendant notre retraite commune à Londres, l’er-