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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/163

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JULES JANIN

au sculpteur Falconet ! Si léger qu’ait été cet outil entre les mains de Jules Janin, la pointe d’acier s’en est souvent fait sentir à ses contemporains. De là les retards, les difficultés, les hésitations de l’Académie française. Dirai-je qu’il â fallu attendre certains décès et pactiser avec certaines rancunes ? On doit le supposer.

Enfin, trois ans après, on lui donna le fauteuil de Sainte-Beuve, qui avait été aussi le fauteuil de Fénelon ; mais (admirez la fatalité !) il n’eut pas la douceur de pouvoir s’y asseoir tout de suite ; la révolution et la guerre se disputaient notre malheureuse France ; le rôle de l’Académie était interrompu. M. Jules Janin dut attendre deux ans encore, jusqu’au mois de novembre 1871. Il avait alors soixante-sept ans, des cheveux blancs et la goutte. Voilà les conditions dans lesquelles le triomphe vint le chercher.

J’assistais à sa séance de réception, ; je peux dire comment les choses s’y passèrent. M. Camille Doucet présidait. Le public n’était ni plus ni moins brillant qu’à l’ordinaire ; depuis plusieurs années, les réceptions académiques avaient beaucoup perdu de leur éclat.