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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/165

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JULES JANIN

Jules Janin semblait heureux de son bel habit vert, et sa main s’appuyait avec complaisance sur sa belle épée à poignée d’argent. — Une épée ! un habit vert ! Tout ce qu’un homme de lettres ose à peine rêver dans ses rêves les plus extravagants ! Plus qu’un commissaire de police ! plus qu’un président de société agricole !

Et cependant, au bout de quelques minutes, le front de M. Jules Janin se rembrunissait. M. Janin se disait sans doute, en dépit de la sympathie évidente dont il se sentait l’objet, que les temps étaient bien changés, et que ces honneurs lui arrivaient bien tard, après tous ses frères d’armes, tous ses collègues, tous ses émules, tous ses contemporains, la plupart disparus, emportés ou éteints, après Villemain, Vitet, Alfred de Vigny, Lamartine, Musset, Prosper Mérimée et les autres. Il se disait cela en écoutant d’un air surpris, et comme un écho lointain, son propre discours lu par M. Cuvillier-Fleury, et qui semblait un discours de M. Cuvillier-Fleury lui-même.

Ce discours peut compter parmi les bons feuilletons de Jules Janin, mais ce n’est qu’un