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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/170

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LES RESSUSCITÉS

mer mes sensations éteintes ; as-tu des incestes furibonds ou des adultères monstrueux, d’effrayantes bacchanales de crimes ou des passions impossibles à me raconter ? Alors parle, je t’écouterai une heure, le temps durant lequel je sentirai ta plume acre et envenimée courir sur ma sensibilité calleuse ou gangrenée ; sinon tais-toi, va mourir dans la misère et l’obscurité. — La misère et l’obscurité, entendez-vous, jeunes gens ? La misère, ce vice puni par le mépris ; l’obscurité, ce supplice si bien nommé. La misère et l’obscurité, vous n’en voudrez pas ! Et alors que ferez-vous, jeunes gens ? Vous prendrez une plume, une feuille de papier, et vous écrirez en tête : Mémoires du Diable, et vous direz au siècle : Ah ! vous voulez de cruelles choses pour vous réjouir ; soit, monseigneur, voici un coin de votre histoire. »

La vie de Frédéric Soulié est toute dans ces lignes, — préface amère d’un livre de rage et de larmes.

En a-t-il fait passer assez de douleurs inouïes, d’aventures étranges, de drames éplorés, sous cette arche triomphale élevée à Satan dans un jour de désespoir ! Ce n’était