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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/215

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GÉRARD DE NERVAL

réalité. L’or que Faust a jeté dans sa famille a dépravé son fils, tué son vieux père ; sa femme, couverte de lambeaux, va s’asseoir tous les jours devant la porte du couvent des Franciscains, attendant les restes du souper de ces moines. Faust, revenu à lui, appelle la mort. « Eh bien ! s’écrie-t-il, que mon sang fume devant l’autel du Formidable ! qu’il se réjouisse de mes sanglots, je l’ai atteint. Déchire la chair qui enveloppe mon âme incertaine et douteuse ! Romps le charme, je ne t’échapperai pas ; et quand même je le pourrais, je ne le voudrais pas, car les tourments de l’enfer ne doivent être rien en comparaison de ce que j’éprouve maintenant ! — Ton courage, Faust, me fait plaisir, répond Léviathan ; j’aime mieux entendre ce que tu dis que les hurlements et les sifflements sur lesquels je comptais. »

Mais le diable de Klinger est un ergoteur, et il ne veut pas abandonner à si bon compte sa victime : forcé d’admirer son courage, il lui conteste sa logique ; il veut que Faust ait mal vu, mal jugé, et c’est là une thèse au moins étrange dans une pareille bouche : « Insensé ! dit-il à Faust, tu te vantes d’avoir étudié