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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/221

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GÉRARD DE NERVAL

un secret qu’il doit cacher à Brisacier qu’il a vu tout petit et qui, quoique son supérieur, est resté son camarade. Le caractère gai et bruyant de Chavagnac le fait échapper vite à de tristes souvenirs.

Cependant une troupe de Bohémiens se présente et veut franchir la porte avant que la ville soit fermée. Ils se sont trouvés pris dans la ville pendant le siège et leur humeur vagabonde les appelle ailleurs ; ils disent que de pauvres baladins comme eux ne peuvent s’exposer aux chances nouvelles de la bataille qui doit se livrer. Au moment où Brisacier va donner l’ordre de les laisser sortir : « Sont-ce bien des Bohémiens ? dit le lieutenant chargé de garder la porte sous les ordres de Brisacier. — Il y a un moyen de s’en convaincre, dit gaiement le trompette Chavagnac, c’est de leur faire montrer leurs talents. »

Le chef des Bohémiens s’intitule comte d’Égypte, et se donne comme prédisant l’avenir et maître des destinées ; sa barbe blanche et sa tenue solennelle donnent quelque apparence à ses paroles. Une petite vieille qui l’accompagne et qui se dit sibylle, montre des cartes ou tarots et s’offre à tirer le grand