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GÉRARD DE NERVAL

nir le colonel qui envoie l’ordre de retenir ces gens suspects.

Alors le vieillard, sans abandonner son rôle de Bohémien, tente de soulever la population et en ayant l’air de prédire, arrive peu à peu à faire appel aux idées religieuses des assistants, anabaptistes pour la plupart. Il parle du bonheur que Dieu promet à ceux qui soutiendront cette cause, et ses chants sont le tableau des joies mystiques du paradis où les croyants rejoindront leur famille et retrouveront ceux qui leur sont chers. Ce passage frappe vivement l’imagination de Brisacier qui pleure sa position d’orphelin et cherche à suivre les fugitifs. Au moment où le lieutenant et lui se disputent sur ce sujet, le colonel arrive, averti qu’on méconnaît ses ordres, met aux arrêts le capitaine Brisacier et ordonne que l’on entraîne à la mort ces malheureux qui ont tenté de soulever le peuple. Brisacier sort désespéré et se sépare avec la plus profonde douleur de la jeune fille qui va périr. Seulement à la chute du rideau l’on voit paraître le général en chef Villars et l’on peut prévoir un autre dénoûment.