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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/26

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LES RESSUSCITÉS

térateurs qui est constamment resté le plus digne, sans cesser d’être le plus renommé.

Il était l’honnête homme, il était le grand homme. Son nom remplissait la littérature et l’inondait d’une lumière d’or. Un jour de république il s’en est allé, doux et triste, la main dans la main de ceux qui l’ont aimé. On a porté son corps en Bretagne, selon son dernier vœu, et tout a été dit. — Passez maintenant devant cette maison silencieuse de la rue du Bac qui porte le no 112 ; on vous montrera la chambre de Chateaubriand, la table de Chateaubriand, le lit où il est mort.

Aujourd’hui, si nous allons essayer de rappeler quelques traits de cette figure vaste et mélancolique, si nous redescendons pas à pas dans son œuvre, c’est donc moins pour remplir un devoir de critique que pour adresser un dernier hommage à celui qui fut pendant si longtemps la plus brillante expression de la France littéraire, — le dernier gentilhomme peut-être, le plus grand chrétien à coup sûr.

Chateaubriand appartient à cette famille de penseurs colosses, devant lesquels on s’arrête deux fois avant d’entreprendre d’en faire le tour. L’ensemble de leurs travaux inspire