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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/321

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ÉDOUARD OURLIAC

« Me voilà établi, comme un vieux de province, dans un grand fauteuil, derrière un carreau tranquille. Je bois trois pintes de lait par jour : j’habite une rue où il n’est passé depuis ce matin qu’un homme en paletot bleu, qui semblait s’être trompé de route. Je demeure chez un professeur de l’Université, M. P., qui professe la quatrième au collège ; mais nous nous sommes montré nos chapelets, et, le soir, j’entendais les petits enfants qui récitaient en cadence : Mn, mn, mn, Ora pro nobis ; mn, mn, mn, Ora pro nobis, etc. ; je me suis endormi là-dessus. »

Toute cette lettre est des plus singulières, elle peint à la fois l’état de son âme et l’état de son esprit ; il y parle d’épreuves à renvoyer à M. Hetzel et à la Revue de Paris ; il a dîné avec l’évêque, un aimable et admirable homme, dit-il, qui l’a constamment appelé d’Ourillac ou d’Houriaque. Puis, le vieux caractère reprend le dessus, et voici les farces qui arrivent : il annonce qu’on va éclairer la campagne aux bougies, spécialité du Mans. Et finalement : « En somme, je ne vais pas mieux ; je ne souffre point, ma poitrine est bonne, nulle oppression ; mais je tousse, je crache, je suis faible ; rien n’y fait. »

Une autre fois (on comprendra que nous le laissions raconter lui-même ses années d’a-