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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/57

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CHATEAUBRIAND

Voyez-le ! Une fois lancé dans la gloire comme dans un char de feu, il ira jusqu’au bout. Après avoir lutté avec la Bible dans le Génie du Christianisme, il luttera avec Homère dans les Martyrs. Ses poèmes, contre-poids des batailles, feront, eux aussi, le tour du monde, passant là où le canon aura passé. Bientôt, il n’aura plus qu’un seul rival en renommée : l’Empereur.

L’Empereur ! — Voilà le nom qui fait pâlir et rêver Chateaubriand.

Chateaubriand ! — Voilà le nom devant lequel s’arrête l’Empereur, étonné.

On a souvent apprécié, et toujours diversement, la lutte de ces deux hommes. « En échangeant l’insulte, a dit un écrivain, ces deux ouvriers sublimes d’une même œuvre se mentaient à eux-mêmes. » Cela est vrai. Mais séparés tous deux, ils n’en ont pas moins travaillé à l’œuvre commune. Le conquérant militaire et le conquérant religieux suivaient un sillon parallèle, et plus souvent qu’eux-mêmes leurs idées se sont rencontrées face à face.

Appelez cela orgueil, appelez cela conviction, toutefois est-il qu’au milieu de cette époque éperdue, devant cet empereur qui