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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/61

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CHATEAUBRIAND

ministre complète seulement Chateaubriand gentilhomme et soldat.

Sa devise dans les affaires fut celle-ci : Fais ce que dois, advienne que pourra. Il est advenu sa chute, comme on sait. « J’ai cru voir le salut de la patrie dans l’union des anciennes mœurs et des formes politiques actuelles, du bon sens de nos pères et des lumières du siècle, de la vieille gloire de Duguesclin et de la nouvelle gloire de Moreau ; enfin dans l’alliance de la religion et de la liberté. Si c’est là une chimère, les cœurs nobles ne me la reprocheront pas. »

Non, sans doute, jamais il ne lui sera fait un crime du bien qu’il a voulu et qu’il n’a pas pu. Ses contradictions apparentes s’effacent dans la loyauté de ses intentions. « Le peuple ne lit pas les lois, a-t-il dit un jour ; il lit les hommes, et c’est dans ce code vivant qu’il s’instruit. » Eh bien ! en lisant Chateaubriand, le peuple a lu un bon et beau livre, écrit seulement avec trop de lyrisme, ce qui fait qu’il ne l’a pas compris à toutes les pages.

Le malheur est aussi que Louis XVIII ne l’ait pas gardé assez longtemps, quoiqu’il eût pu se donner avec lui et par lui des airs de li-