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CHATEAUBRIAND

nes gens, décidés et convaincus, la plupart exclusivement passionnés, qui marchaient serrés dans leurs folies, avec l’insolence de la verve et le courage né des circonstances politiques. Ils ont étonné avant de plaire. Mais enfin comment ne pas se rendre à cette littérature qui sonne si fort de la trompette et qui affiche son talent sur tous les murs en lettres dorées ? Il y avait d’ailleurs du bon dans cette mascarade, sortie copieuse et flambante des sépulcres soulevés de Rabelais, Shakspeare, Mathurin Régnier et Sterne ; cela replaçait la littérature dans un milieu seigneurial et bruyant, à l’écart de la philosophie sur les autels de qui s’étaient succédé précédemment de trop nombreux sacrifices.

La révolution de 1830 a surtout grandi le roman. Il y a eu progrès sur l’école de la République, progrès et complément. La forme s’est purifiée, tout en gardant sa franchise, et a conquis à elle les classes bourgeoises. Des gens sont arrivés, tels que Balzac, Soulié et George Sand, qui ont fait crier la vie dans leurs livres ; d’où est venue cette importance sociale accordée au roman. De grands succès ont été obtenus par des œuvres douces, en