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MADAME RÉCAMIER

toujours par revenir s’abriter, traînant l’aile, comme dans la fable des Deux Pigeons. C’est au fond d’un des plus modestes appartements de l’Abbaye-au Bois que la duchesse d’Abrantès, ruinée par la chute de l’Empire, commença à écrire ses fougueux et spirituels Mémoires, — noble femme, tuée par le travail et la misère.

Ce n’est pas la misère qui a tué madame Récamier ; c’est l’âge, c’est le souvenir, c’est le spectacle des événements, peut-être. Toutefois est-il que madame Récamier restera comme une des figures les plus touchantes, comme un des esprits les plus singulièrement attractifs de notre époque. Elle a rallié à elle les sympathies de tout un siècle. Elle a été le centre de tout ce qui était beau, bon, généreux, facile. Principalement trois hommes, Chateaubriand, Benjamin Constant et Ballanche, se sont groupés autour de cette femme adorée.

Sa vie est un beau livre. Commencée dans une révolution, dans une révolution elle s’est achevée, sans y avoir perdu un seul rayon de son auréole. Indulgent cette fois pour une de ses plus ravissantes créatures,