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Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/104

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LE VAMPIRE

M. Dublair alla vers lui et l’examina attentivement, comme pour juger des précautions qu’il aurait à prendre avec un homme de cette force.

Il lui posa la main sur l’épaule.

Général eut un tressaillement instinctif.

L’un des aides ouvrit un sac contenant des courroies et une paire de ciseaux qu’il remit à Flack, son nouveau collègue.

L’aide attacha aux chevilles du condamné deux sangles reliées par une corde de trente centimètres à peine. Le patient pouvait marcher à petits pas, mais s’il eût essayé de fuir, il serait tombé par terre.

On lui retira la camisole de force.

Il s’était levé.

Les aides lui joignirent les poignets derrière le dos ; on les lia solidement. Ensuite on attacha ses bras au-dessus des coudes, et, pour plus de sûreté, on réunit la ligotte des jambes à celle des bras. Un simple tiraillement sur cette courroie aurait suffi au bourreau pour renverser le condamné, en cas de résistance.

M. Dublair regardait avec inquiétude le domestique du Docteur-Noir qu’il avait dû embaucher d’une si singulière façon.

Il avait lieu de craindre toutes les menaces, car Titille, que Jean-Baptiste Flack appelait ironiquement madame Dublair, pouvait le compromettre gravement. Étant agent de la sûreté, il la laissait participer à des entreprises criminelles et partageait avec elle le butin ; puis, avec son aide, il retrouvait ses complices et les livrait à la justice.

L’exécuteur croyait que Titille, qu’il avait perdue de vue, était à présent la maîtresse de ce Flack. Il tremblait, car il y avait des preuves contre lui dans une affaire d’assassinat qu’il avait organisée avec Titille, et les révélations de cette femme en auraient fait découvrir le vrai promoteur.

Il regardait le condamné à mort et, en lui-même, il se demandait pourquoi c’était Général et non pas Titille qu’il avait mission d’exécuter !

Au moins, il eut pu dormir tranquille…

Flack, en aide expert, découpait la partie supérieure des vêtements du condamné et mettait sa gorge et ses épaules à nu.

Ensuite, il plaça un morceau d’étoffe noire sur le cou de l’homme qui frissonna.

Il faisait un froid très vif.

Jean-Baptiste Flack se mit en devoir de faire la taille des cheveux et se pencha contre Général.

— Ne faites pas un mouvement, lui dit-il tout bas, et répondez-moi sans vous trahir… Vous avez caché votre nom ?

— Oui, fit Général en inclinant légèrement le tête.