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Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/186

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LE VAMPIRE

— Oh ! ne dites pas cela, supplia Lydia, elle me fera encore souffrir davantage quand vous serez partie.

— Voyons ce portrait, dit à son tour Caudirol.

La petite le lui présenta avec une peur mal dissimulée.

— N’aie pas de crainte, lui dit la Sauvage.

Caudirol jeta un coup d’œil sur le portrait et, aussitôt, sa figure se décomposa :

— La fille au père Marius… Marguerite ! C’est-elle, fit-il sourdement.

Et se retournant vers Sacrais :

— Sortons d’ici, dit-il, et ne laisse pas cette enfant s’en aller.

Il avait peur. Une certaine dose de superstition se mêlait à son incroyable audace. Cette pauvre fille emprisonnée dans une cave l’effrayait.

Il ne voulait pas qu’elle en sortit.

La Sauvage s’interposa :

— Voyons, on ne peut pas laisser cette petite là-dedans.

— Oh ! elle n’y était que par punition, fit Sacrais. Sors, Lydia… allons, viens.

La malheureuse se jeta dans les bras de la Sauvage.

— Oh ! emmenez-moi, supplia-t-elle. Il ne dit pas vrai. Je suis ici depuis un mois bientôt. L’Assistance publique m’avait placée chez une dame de Nantes,Mme Le Mardeley…

— L’héritière ! interrompit Caudirol.

— Pas possible ! fit Sacrais.

La petite martyre continua :

— Cette dame me faisait bien souffrir et me reprochait toujours d’être une abandonnée, elle disait du mal de maman, sans la connaître. Alors, avec mes petites économies, je suis venue à Paris. Ce monsieur m’a entraînée chez lui en me disant qu’il tenait un bureau de placement…

— Eh ! oui, parbleu, fit la Mécharde.

— Alors, continua Lydia en pleurant, il a voulu… Non je ne peux pas vous dire… Et comme j’ai lutté contre lui, il m’a enfermée en bas… Tous les jours, il descend me dire : Veux-tu ? Je crie : Non. Et il s’en va. Cette méchante femme vient alors me tourmenter.

— Sacrais, fit la Sauvage indignée, je ne te savais pas de cette force-là.

— Je travaillais dans les intérêts du patron, répondit Sacrais. Je n’ai donc pas à me défendre.

— C’est vrai, approuva Caudirol.

La Sauvage, ne revenait pas du brusque changement qui s’était opéré dans les sentiments de son amant.

— Nous la laissons ici ? demanda-t-elle.

— Oui, fit Caudirol avec autorité.