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Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/344

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LE DOCTEUR-NOIR

Et il se jeta sur lui, par derrière, en criant :

— Halte-là, mon brave… Au secours !

Le Docteur-Noir essaya de se dégager. Il parvint seulement à se trouver face à face avec son agresseur.

À son tour, il le reconnut.

— Ah ! dit-il d’une voix sourde.

C’était son ancien compagnon de captivité, mis en liberté le matin même.

L’agent Haroux se rendait précisément chez le juge d’instruction où il devait être confronté avec le Docteur-Noir.

Il le retrouvait libre, en fuite…

Lucien Bartier vit des gardes accourir. L’espérance l’abandonna, mais une colère terrible l’emporta.

— Lâchez-moi, ordonna-t-il.

— Tout à l’heure, ricana le policier.

Le Docteur-Noir enlaça son adversaire et le broya contre sa puissante poitrine.

Une lutte courte, désespérée, s’engagea.

L’agent Haroux sentit les doigts de son prisonnier s’enfoncer dans sa gorge.

Il l’étranglait.

Par un effort suprême, il put encore rejeter sa tête de côté et pousser un cri inarticulé.

Mais ce fut tout.

Le Docteur-Noir l’avait saisi par la taille et l’avait précipité sur le rebord du trottoir.

Le policier fut tué raide.

Il était trop tard pour profiter de la situation.

Lucien Bartier était cerné.

Il n’essaya pas une lutte inutile et il se laissa emmener par les gardes qui le brutalisèrent sans pitié.

— Lâches ! leur cria-t-il. Emmenez-moi… Je saurai bien m’évader encore.

— Vous ne croyez pas si bien dire, murmura une voix à son oreille.

Lucien Bartier se retourna et eut un soubresaut.

— Flack ! Toi ici ? Oh ! tu viens trop tard.

— Chut ! taisez-vous. Je glisse un papier dans votre poche. Tout ce qui s’est passé depuis votre arrestation y est raconté.

— Et tu as l’espoir ?…

— J’ai la certitude de vous faire sauver avant votre renvoi en Cour d’assises.

— Adieu, brave cœur.