Page:Morphy - Le vampire, 1886.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
438
LE DOCTEUR-NOIR

Jean-Batiste Flack se frotta les mains.

— Quel tête il fera, ce pauvre Cuplat, quand il va apprendre qu’il s’est fait rouler sur toute la ligne[1].

Et il éclata de rire.

La Marmite, placé sur le siège, battait une marche triomphante sur le toit du sapin.

Le cocher fouettait sa bête à tour de bras, comptant sur un bon pourboire.

Le digne automédon ne soupçonnait en aucune façon sa complicité à une évasion quelconque.

Le tour avait réussi admirablement.

On ne saurait taxer d’invraisemblance cette fuite, qui est somme toute possible.

La plupart des scènes les plus extraordinaires de ce roman sont, d’ailleurs, copiées sur la réalité[2].


  1. L’auteur de ce roman joua un tour analogue à un de ses directeurs de prison, qui, voulant faire de l’autorité, l’envoya à la Santé. Il s’appelait M. Caplat.

    M. Morphy lui avait promis de s’évader et tint parole. Il simula une maladie grave et se fit transporter à l’hôpital Cochin, d’où il disparut pendant la huit du 15 août 1884.

  2. La publication des Mystères du Crime, roman populaire à sensation de Michel Morphy a été un événement littéraire des plus curieux.

    Cette œuvre touffue, variée et rapide, a eu le retentissement habituel réservé aux travaux du jeune écrivain révolutionnaire.

    Il a paru intéressant aux éditeurs de placer en notes, dans le corps de cet ouvrage quelques documents intéressants sur l’auteur de ce livre.

    On verra que nul mieux que Michel Morphy ne pouvait traiter le sujet qu’il a entrepris.

    Il est d’ailleurs intéressant de répondre aux insanités qui ont été écrites contre le jeune romancier.

    Voici quelques extraits d’articles découpés dans les Petites Nouvelles et le Voltaire, journaux peu sympathiques aux idées du rédacteur des Mystères du Crime :

    « Le citoyen Morphy (Jules-Michel Morphy-Mac-Sweeny) est né le 15 avril 1863, rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris.

    « Enfant, il aidait à construire, en mai 1871, les barricades de la Porte-Saint-Denis et de la rue de Paradis. Sa mère, qui avait transformé ses appartements en ambulances, l’envoyait distribuer des secours aux familles des insurgés. Après la défaite de la Commune, elle fut arrêtée par les troupes versaillaises et conduite à la gare du Nord où elle faillit être fusillée sommairement. M. Morphy père parvint à la faire remettre en liberté, mais elle ne devait pas survivre au mauvais traitements qu’elle avait endurés. Elle mourut quelques mois après, âgée de trente-cinq ans.

    « Dès lors, l’enfant fut instruit par un prêtre qui avait pour mission d’en faire ce que l’on est convenu d’appeler un « fils de famille ».