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470 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

psychologique nous avait révélés depuis longtemps, comme les médecins qui croient avoir fait avancer la science du mal de tête en le nommant céphalalgie. Mais rien de plus complexe et de plus délicat que cette question de la nouveauté. M. Bergson s'étant pendant la guerre quelque peu employé à notre propa- gande, des professeurs allemands en ont conclu que toute sa philosophie, bien surfaite, était déjà dans Schelling et dans Schopenhauer. Et je ne dis pas qu'ils aient absolument tort et que cette malveillance utile ne les amène pas à éclairer les antécédents du bergsonisme, ce que des critiques n'ont, pas laissé de faire aussi chez nous. Mais si d'une part il n'y a pas de philosophe, fût-il Descartes ou Schopenhauer, qui ne doive plus à la philosophie qu'il ne croit, d'autre part tout philosophe ou psychologue ou savant qui a groupé un public, suscité un cou- rant, éveillé une attention comme Bergson ou Freud, ne l'a pu faire qu'en vertu non de ce qu'il tenait d'autrui, mais bien de ce qu'il tirait de lui-même.

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��Tout cela nous fera comprendre pourquoi ces deux sources de renouvellement psychologique ont coulé de façon assez diverse et inégale. Et je me borne ici à un seul terrain, celui de la critique littéraire. La philosophie bergsonienne aurait pu avoir sur cette critique une influence considérable (je m'expli- querai là-dessus ailleurs) ; de fait elle n'en a pas eu, pas plus que sur quoi que ce soit hors la philosophie elle-même, et cela se comprend : il faut longtemps à une philosophie pour passer dans le domaine des idées courantes, morales, politiques, esthétiques, fleuves qui ne grossissent que lorsque fondent, la saison suivante, les hautes neiges de la pensée. Conformément d'ailleurs à une tradition de la philosophie française, la psycho- logie bergsonienne est elle-même trop commandée par une métaphysique pour jouer dès aujourd'hui à l'état d'influence autonome. Au contraire Freud et ses disciples ont pensé que la psychanalyse jetait une très neuve lumière sur la genèse des œuvres littéraires, ils ont essayé, parfois avec ingéniosité et parfois avec une bien lourde fantaisie, de l'appliquer à l'histoire intérieure des artistes et des écrivains. On en trouve de nom-

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