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NOTES 615

tière à cinquante chefs-d'œuvre tous diffiérents. M. Chérau y a réalisé de main de maître ce qui est vraiment le trait supérieur dans l'art du roman, je veux dire la progression à la fois logi- que et imprévisible d'un caractère. Leromancier reste de second ordre tant qu'il n'a pas fait comme Dédale des statues qui mar- chent ; il a manqué le meilleur de l'œuvre quand le lecteur tient dès les premières pages ses personnages, peut les prévoir et les vivre avant qu'ils aient vécu devant lui. Et il a manqué aussi son œuvr-e quand le lecteur, le livre fermé, n'est pas saisi par la logique des mêmes personnages, n'aperçoit pas la ligne unique de leur caractère, ne la tient pas dans sa mémoire comme une note simple et pure. A aucun de ces deux points de vue M. Chérau n'a manqué son roman. Il n'a pas cherché à faire court. Il a pris toute la place que demandait son étude copieuse, patiente et lente. Comme dans les œuvres dont le but est de donner à un haut degré l'impression de la vie, il a été embarrassé pour finir et conclure, et les dernières pages de Vnlentine Pacqumdt me plaisent aussi peu que les dernières pages de Champi-Tortu. Il sera curieux de voir si, au cours d'une carrière de romancier qui ne pourra qu'aller à de nouvelles réussites, M. Chérau portera toujours dans ses fins de roman ce fléchissement ou cette négligence à la Molière. En tout cas sa production sera toujours une source de vie drue, robuste et claire. albekt thibaudet

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��LA VIE INQUIÈTE DE JEAN HERMELIN, par Jac- ques de Lacretelle (Grasset).

Jean Hermelin, enfant inquiet, désireux de connaître son âme incertaine, éprouve le besoin d'en fixer les aspects par écrit, pour méditer sur son passé, et en dégager quelque ensei- gnement. 11 a dix-huit ans. C'est Tâge où les jeunes filles fer- ment leurs « cahiers intimes » et commencent d'avoir des secrets pour leur plus chère amie, n'ayant le goût des confi- dences que si elles sont insignifiantes. C'est l'âge où les jeunes gens qui ont le sens de l'analyse, de la curiosité d'esprit, une bonne opinion de soi, et qui sentent le défaut d'un ami, ou une certaine résen.-e jointe à un certain désir d'épanchement, trou- vent, ou prêtent quelque intérêt aux mouvements de leur âme.

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