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Page:NRF 16.djvu/758

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752 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'elles soient, sont peu ùites pour nous éclairer sur ses qua- lités de coloriste. Il faut en dire autant des tableaux de Frantz Hais. La raison en est que presque toutes les toiles de ces deux maîtres exposées aux Tuileries n'appartiennent pas aux Musées de Hollande.

Ce n'est qu'en Hollande, en effet, que les conservateurs, libres d'agir à leurguise, s'acharnent à délivrer les chefs-d'œuvre qui leur sont confiés de l'horrible salissure qui en France submerge les œuvres des Musées. Que l'on compare par exemple Le Joyeux Buveur du Musée d'Amsterdam avec le tableau de famille de Frantz Hais, ou La Concorde du Pays, Rembrandt de Rotter- dam avec le Portrait de vieille femme appartenant à Sir Holford : on constatera nettement à quel point l'écran fumeux des vieux vernis peut altérer une œuvre peinte et combien tout amoureux de la peinture doit haïr cette routine, ce mépris de l'œuvre d'art et ce goût du moindre effort, grâce auxquels les œuvres les plus belles se recouvrent d'une moisissure qui non seule- ment les cache, mais les ronge, ainsi que je le démontrerai bientôt.

Je parlais au début de ma note, des leçons que les peintres français peuvent recevoir de cette exposition hollandaise. Je souhaite que les conservateurs de nos Musées nationaux, et sur- tout les écrivains qui les conseillent ou les jugent, méditent sur la leçon que dégagent pour eux la Vue de Delft ', la Verseuse de \'ermeer, le Moulin de Ruysdaël, les Pieter de Hoogh, et en général toutes les toiles auxquelles MM. Schmidt Degener, W. Martin et Gratama, courageux et honnêtes conservateurs de Rotterdam, de la Haye et de Harlem, ont donné leurs soins

éclairés. andré lhote

DÉODAT DE SÉVERAC.

Le temps n'est pas si lointain où la transposition des pay- sages en formes sonores n'était que prétexte à la puérilité imita-

I. Une bande de plusieurs centimètres, dans la partie supérieure du ciel, qui a été préservée des vernis parce que sur l'ancien châssis elle était repliée, montre, par sa fraîcheur mate, que tout étincelant qu'il paraisse, ce tableau est encore recouvert d'un vernis jaune. Que l'on pense à la quantité de couches qu'il faut accumuler pour obtenir le voile chocolat qui obscurcit presque toutes les toiles du Louvre !

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