Aller au contenu

Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vint épurer en moi des sentimens nouveaux :
Nous étions dans un temps où de nobles cuisines
Effrayèrent les yeux de leurs vastes ruines.
Voyant de possesseurs tant de tables changer,
Le peuple qui jeûnait crut avoir à manger :
Mais les nouvelles dents n’étaient pas moins actives :
Ces grandes tables-là sont pour peu de convives ;
Ce sont de gros gaillards, ayant bon appétit,
L’un tient la poêle à frire, et puis le peuple cuit.
Alors on nous disait que les hommes sont frères,
Que les distinctions ne sont qu’imaginaires,
Et que, si le destin l’environne d’éclat,
L’homme le doit à soi, mais non à son état.
Et je me dis : « Il faut que je sois quelque chose ;
» Et de peur qu’à ma gloire un obstacle s’oppose,
» Je transporte en un lieu plus propre à mon emploi,
» Les dieux de mon foyer, mon art sublime et moi.
» Je pars de la Gascogne, et…. » Mais ma vie entière
Serait à te compter une trop longue affaire :
Qu’il me suffise donc de te dire qu’enfin,
Quelquefois malheureux, mais bravant le destin,
Et sans être jamais du parti qu’on opprime,
Je changeai de ragoûts ainsi que de régime.
Mais après la journée où certain grand brouillon,
Pour l’avoir trop chauffé, but un mauvais bouillon,
Un noble personnage où j’étais fort à l’aise,