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Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/17

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J’étais bien jeune encor, quand la France abattue
Vit de son propre sang ses lauriers se couvrir ;
Deux fois de son héros la main lasse et vaincue
Avait brisé le sceptre, en voulant le saisir.
Ces maux sont déjà loin : cependant sous des chaînes
Nous pleurâmes long-temps notre honneur outragé ;
L’empreinte en est restée, et l’on voit dans nos plaines
Un sans qui fume encor…, et qui n’est pas vengé !

*

Ces tableaux de splendeur, ces souvenirs sublimes,
J’ai vu des jours fatals en rouler les débris,
Dans leur course sanglante entraîner des victimes,
Et de flots d’étrangers inonder mon pays.
Je suis resté muet ; car la voix d’un génie
Ne m’avait pas encor inspiré des concerts ;
Mon âme de la lyre ignorait l’harmonie,
Et ses plaisirs si doux, et ses chagrins amers.



*