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Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/20

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Ce temps seul peut encor animer une lyre :
L’aigle était renversé, mais non pas avili ;
Alors, du sort jaloux s’il succombait victime,
Le brave à la victoire égalait son trépas,
Quand, foudroyé d’en haut, suspendu sur l’abîme,
Son front mort s’inclinait,…. et ne s’abaissait pas !

*

Depuis, que rien de grand ne passe, ou ne s’apprête,
Que la gloire a fait place à des jours plus obscurs,
Qui pourrait désormais inspirer le poète,
Et lui prêter des chants dignes des temps futurs ?
Tout a changé depuis : ô France infortunée !
Ton orgueil est passé, ton courage abattu !
De tes anciens guerriers la vie abandonnée
S’épuise sans combats, et languit sans vertu !
Sur ton sort malheureux c’est en vain qu’on soupire,
On fait à tes enfans un crime de leurs pleurs,
Et le pâle flambeau qui conduit aux honneurs
S’allume à ce bûcher, où la patrie expire.


*