Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/56

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Oui, j’abdiquai l’empire, il en a l’avantage ;
Mais je n’ai point de même abdiqué mon courage,
En siégeant à ma place il a compté sans moi…
Car, détrônant l’espoir où son orgueil se fonde,
À mon tour je vais dire au monde :
« Je suis vivant, donc je suis roi ! »

LA VOIX.

Alors ta royauté sera bien éphémère,
Car la mort doit répondre à tes prétentions ;
Et tu verras tomber ton aigle et son tonnerre
Sous le glaive des nations. —
Mais, que dis-je ? La mort n’est rien à ton courage !
Le feu d’un grand dessein dévore tout effroi ;
À ta présomption qu’importe un noir présage ?
Tout ton destin t’enchaîne et tu n’es plus à toi.

NAPOLÉON.

Le destin m’appartient, et moi-même à la France ;
C’est pour son bonheur seul que j’emploierai toujours
Mon glaive, mes vœux, ma vengeance,
Et ce qui reste de mes jours.
Va, quoique ta menace ait annoncé l’orage,
Une barque m’attend, et tout est décidé…
Mille peuples, en vain, veillent sur passage…