Page:Nerval - Choix de poésies, 1907, éd. Séché.djvu/38

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LA SÉRÉNADE


— Oh ! quel doux chant m’éveille ?
— Près de ton lit je veille.
Ma fille, et n’entends rien…
Rendors-toi, c’est chimère !
— J’entends dehors, ma mère,
Un chœur aérien…
— Ta fièvre va renaître.
— Ces chants de la fenêtre
Semblent s’être approchés.
— Dors, pauvre enfant malade.
Qui rêve sérénade…
Les galants sont couchés !

— Les hommes que m’importe ?
Un nuage m’emporte…
Adieu le monde, adieu !
Mère, ces sons étranges,
C’est le concert des anges
Qui m’appellent à Dieu !





ESPAGNE


Mon beau pays des Espagnes,
Qui voudrait fuir ton beau ciel.
Tes cités et tes montagnes.
Et ton printemps éternel ?
Ton air pur qui nous enivre,
Tes jours moins beaux que tes nuits.
Tes champs, où Dieu voudrait vivre
S’il quittait son palais,

Autrefois ta souveraine
L’Arabie, en te fuyant.
Laissa sur ton front de reine
Sa couronne d’Orient !