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Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/139

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Je ne sçay quel effort qui desdaigne la peur.
Cette jeunesse-là, tousjours brave, s’essaye
De se voir entrouvrir l’estpmac d’une playe,
Combattant la première, et mieux voudroit se voir
Mourir de mille morts qu’au dos la recevoir.
C’est vergogne de voir couché dans la poussière
Un jeune homme fuyant, et navré par derrière,
’Ayant le dos béant d’ulcères apparens 1
Geluy vrayment honnit ses fils et ses parens,
Longue fable,du peuple, et la cruelle parque
Passe son nom et luy dans une même barque.
Mais celuy qui premier s’opposànt à l’effort
Des vaillans ennemis, meurt d’une belle mort,
Tenant encore au poing sa picque vengeresse ;
A l’heure qu’on J’enterre, une dolente presse,
Chantant du trépassé la gloire et les valeurs,
Reschauffc e corps froid d’une tiède eau de pleurs.
Si quelqu’un de la troupe en combattant évite
La mort cent fois cherchée, et qu’ensemble il incite
Son prochain compagnon à choquer vivement,
Ou vrayment à mourir l’arme au poing bravement ;
Le peuple dans la rue honorera sa face,
Et venant au sénat, chacun luy fera place, ’
L’honorant comme un Dieu, et n’aura son pareil,
Premier en la bataille, et premier au conseil.