Page:Nerval - Choix des poésies de Ronsard, 1830.djvu/145

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Lors le siècle de fer régna par tout ; le monde,
Et l’Or que despiteux de la fosse profonde
Ici haut envoya lès Furies, à fin
De pressurer au cœur des hommes leur venin.
Adonc fraude et procès envahirent la terre,
Poison, rancœur, débat, et l’homicide guerre,
Qui, faisant craqueter le fer entre ses mains,
Mardi oit pesantement sur le chef des humains,
Et tranchoit sous l’acier de sa hache meurtrière
Des vieux siècles passez la concorde première.
Ce que voyant Justice, ardente de.fureur,
Contre le meschant peuple empoisonné d’erreur,
Qui, pour suivre discord, rompoit les lois tranquilles,
Vint ericores de nuict se ^ anter sur les villes :
OU plus, comme devant, le peuple ne pria,
Mais d’une horrible voix hurlante s’escria
Si effroyablement que les murs et les places "
Et les maisons trembloient au bruit de ses menaces.
«Meschant peuple avorton, disoit-elle, est-ce ainsi
«Qu’à moy fille de Dieu tu rends un grand-merci
 De t’a voir si long-temps couvé dessous nies ailes,
»Te nourrissant du laict de mes propres mammelles ?
» Je m’envole de terre, adieu, meschant, adieu ;
» Adieu, peuple maudit ; je t’assculre que Dieu
«Vengera mon départ d’une horrible tempeste.