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Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/289

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depuis un simple conte oriental qui fait partie des Nuits du Rhamazan.

C’est ainsi que la poésie tomba dans la prose et mon château théâtral dans le troisième dessous. — Toutefois, les idées scéniques et lyriques s’étaient éveillées en moi, j’écrivis en prose un acte d’opéra-comique, me réservant d’y intercaler, plus tard, des morceaux. Je viens d’en retrouver le manuscrit primitif, qui n’a jamais tenté les musiciens auxquels je l’ai soumis. Ce n’est donc qu’un simple proverbe, et je n’en parle ici qu’à titre d’épisode de ces petits mémoires littéraires[1].


III

TROISIÈME CHÂTEAU

Château de cartes, château de bohème, château en Espagne, — telles sont les premières stations à parcourir pour tout poëte. Comme ce fameux roi dont Charles Nodier a raconté l’histoire, nous en possédons au moins sept de ceux-là pendant le cours de notre vie errante, et peu d’entre nous arrivent à ce fameux château de briques et de pierre, rêvé dans la jeunesse, — d’où quelque belle aux longs cheveux nous sourit amoureusement à la seule fenêtre ouverte, tandis que les vitrages treillissés reflètent les splendeurs du soir.

En attendant, je crois bien que j’ai passé une fois par le château du diable. Ma Cydalise, à moi, perdue, à jamais perdue !… Une longue histoire, qui s’est dénouée dans un pays du Nord, — et qui ressemble à tant d’autres ! Je ne veux ici que donner le motif des vers dorés, conçus dans la fièvre et dans l’insomnie. Cela commence par le désespoir et cela finit par la résignation.

Puis revint un souffle épuré de la première jeunesse, et quelques fleurs poétiques s’entr’ouvrirent encore, dans la

  1. Voir, dans le Théâtre complet, Corilla ou les Deux Rendez-vous.