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Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/377

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Voici un passage des observations du moine célestin Goussencourt :

« La nécessité les contraignit d’être taverniers : où les soldats français allaient boire et manger, avec un tel respect, qu’ils ne voulaient point être servis d’elle. Elle cousait des collets de toile où elle ne gagnait tous les jours que huit sous, et avec cela descendait à toute heure à la cave, et lui, se donnait à boire avec ses hôtes, de telle façon qu’il devint tout couperosé.

» Un jour, elle étant à la porte, un capitaine vint à passer et lui fit une grande révérence, et elle à lui ; ce qui fut aperçu de son mari jaloux. Il l’appelle et la prend par la gorge. Elle parvient à jeter un cri. Les buveurs arrivent et la trouvent à demi-morte couchée par terre, à laquelle il avait donné des coups de pied aux côtes qui lui avaient ôté la parole, et dit, pour s’excuser, qu’il lui avait défendu de parler à celui-là, et que, si elle lui eût parlé, il l’eût enfilée de son épée. »

Il devint étique par ses débauches. À cette époque, elle écrivit à sa mère pour lui demander pardon. Sa mère lui répondit qu’elle lui pardonnait et lui conseillait de revenir et qu’elle ne l’oublierait pas dans son testament.

Ce testament était gardé à l’église de la Neuville-en-Hez, et contient un legs de huit mille livres.

Pendant l’absence d’Angélique de Longueval, il y eut une demoiselle en Picardie qui voulut usurper sa place, et se donna pour elle. Elle eut même la hardiesse de se présenter à madame de Haraucourt, mère d’Angélique, laquelle dit qu’elle n’était pas sa fille. Elle racontait tant de choses, que plusieurs des parents finirent par la prendre pour ce qu’elle se donnait…

Le célestin, son cousin, lui écrivit de revenir. Mais La Corbinière n’en voulait pas entendre parler, craignant d’être pris et exécuté s’il rentrait en France. Il n’y faisait pas bon pour lui non plus ; car la faute d’Angélique fut cause que M. d’Haraucourt chassa des faubourgs de Clermont-sur-Oise sa mère