Page:Nerval - Les Illuminés, Lévy, 1868.djvu/410

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Vous voyez, mon ami, que c’est là une chanson qu’il est bien difficile de faire rentrer dans les règles de la prosodie.


Toutes les dix à marier. — Le fils du roi vint à passer. — R’garda Dine, — R’garda Chine, — R’garda Suzette et Martine. — Ah ! ah ! Catherinette et Catherina !
R’garda la jeune Lison, — La comtesse de Montbazon, — R’garda Madeleine, — Sourit à la Dumaine.


La suite est la répétition de tous ces noms et l’augmentation progressive des galanteries de la fin.


Puis il nous a saluées. — Salut, Dine, — Salut, Chine, etc. — Sourire à la Dumaine.
Et puis il nous a donné, — Bague à Dine, — Bague à Chine, etc., — Diamant à la Dumaine.
Puis il nous mena souper. — Pomme à Dine, etc., — Diamant à la Dumaine.
Puis il nous fallut coucher. — Paille à Dine, — Paille à Chine, — Bon lit à la Dumaine.
Puis il nous a renvoyées. — Renvoya Dine, etc., — Garda la Dumaine !


Quelle folie galante que cette ronde, et qu’il est impossible d’en rendre la grâce à la fois aristocratique et populaire ! Heureuse Dumaine ! heureux fils du roi ! — Louis XV enfant, peut-être.

Quand Sylvain, homme taciturne, se met à chanter, on n’en est pas quitte facilement. Il m’a chanté je ne sais quelle chanson des Moines rouges qui habitaient primitivement Châalis. Quels moines ! C’étaient des templiers ! Le roi et le pape se sont entendus pour les brûler.

Ne parlons plus de ces moines rouges.

Au sortir de la forêt, nous nous sommes trouvés dans les terres labourées. Nous emportions beaucoup de terre à la semelle de nos souliers ; mais nous finissions par la rendre plus loin dans les prairies… Enfin, nous sommes arrivés à Ver. C’est un gros bourg.