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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/112

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Le chœur des moissonneurs et moissonneuses est celui qui a excité la plus bruyante admiration dans cette soirée. Un chant d’alouette se dessine avec délicatesse sur une orchestration aussi sobre que line. Le sentiment en est pur, calme, comme celui d’une allégresse sereine. Nous avons été tentés dans le premier moment d’associer dans notre pensée l’impression délicieuse, produite par ces accents vibrants d’une si chaste sonorité, avec celle que réveille dans l’âme le magnifique tableau des Moissonneurs de Robert. Mais en écoutant encore ce morceau, qu’on a bissé, nous avons senti que la différence de coloris qui existait entre ces œuvres, également belles, inspirées par des sujets analogues, laissait les émotions qu’elles produisent apparentées entre elles, mais non complètement identiques.

Le pinceau de Robert nous retrace une nature plus vigoureuse, et nous sommes surtout happés par la chaleur des rayons de son soleil, et les brillants reflets de son atmosphère, baignant de leurs riches lumières ces visages mâles, en qui le rude travail ira pas abattu un joyeux sentiment de la vie. Les notes de Liszt nous font rêver à des organisations plus délicates, plus éthérées, plus poétiquement idéales. Quelque chose du recueillement involontaire de l’innocence se révèle dans ce chant d’une si charmante modulation, et nous reporte connue en songe vers ces existences paradisiaques qui eus-