Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/119

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Mais le moyen de leur en vouloir quand, à chaque pas, on retrouve les souvenirs des grands hommes qui ont aimé ce séjour, quand, au prix d’une heure perdue, on peut errer dans les sentiers silencieux de ce parc qui envahit une partie de la ville, et où, comme à Londres, on trouve tout à coup la rêverie et le charme, en s’isolant pour un instant du mouvement de la cité ? Une rivière aux eaux vertes s’échappe du milieu des gazons et des ombrages ; l’eau bruit plus loin en un diminutif de Niagara. À l’ombre d’un pont qui rejoint la ville au faubourg, on observe les jeux de la lumière sur les masses de verdure, en contraste avec les reflets lumineux qui courent sur les eaux.

Tout est repos, harmonie, clarté-, — il y a là un banc où Goëthe aimait à s’asseoir, en regardant à sa droite les jolies servantes de la ville, qui venaient puiser de l’eau à une fontaine située devant une grotte… Il pensait là, sans doute, aux nymphes antiques, sans oublier tout à fait la phrase qu’il avait écrite dans sa jeunesse : « La main qui tient le balai pendant la semaine est celle qui, le dimanche, pressera la tienne le plus fidèlement !… » Mais Goëhe, premier ministre alors, ne devait plus que sourire de ce souvenir de Francfort.

J’étais impatient de comparer la petite chambre d’étudiant que j’avais vue deux jours auparavant, au lieu de sa naissance, avec le palais où il termina