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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/158

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LORELY

le prince. Je suis le prince Frédéric-Auguste. (Léo s’incline.) Asseyons-nous. Personne ne peut-il nous entendre ?

léo. Personne.

le prince. Je sais le malheur qui vient de vous frapper.

léo. Vous savez…

le prince. Oui, cette affaire de journal ; j’ai un démon familier qui me dit tout. Je ne passe pas à travers l’Allemagne en simple voyageur, comme il me plaît de le laisser croire ici. Je reviens dans ma patrie en prince ; puis-je vous être bon à quelque chose ?

léo. Oui, monseigneur, et vous pouvez me rendre un très-grand service.

le prince. Lequel ?

léo. Vous pouvez obtenir de S. A. le prince régnant que l’application du jugement qui frappe un innocent soit faite au véritable coupable, et que je sois substitué aux lieu et place du gérant, pour subir les cinq ans de prison, et pour payer les vingt mille florins d’amende.

le prince. J’ai mieux que cela à vous offrir.

léo. Oui ; mais alors, monseigneur, c’est peut-être moi qui ne pourrai plus accepter.

le prince. Et pourquoi ?

léo. Parce que je ne demande point grâce, mais justice ; je réclame toute justice, mais je refuse-