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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/172

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LORELY

manière de voir. Je suis un pauvre diable : j’ai usé mes souliers et mes pieds encore plus souvent sur tous les chemins de la terre : voyageur de la liberté, depuis deux ans seulement, j’ai couru toutes les universités d’Allemagne, pour transmettre la lumière de l’une à l’autre… Mais, à chacun sa spécialité… C’est bien.

le chevalier. Et aujourd hui tu te remets en route ?

diégo. Non. Cette fois, je suis comme cet homme des légendes, derrière lequel marchait toute une forêt. L’université vient ici en masse.

le chevalier. Ah ! ah ! c’est une révolte !

diégo. Non. C’est une folie, une équipée d’enfants : l’avenir seul peut en faire quelque chose de présentable. Nous mettons la ville en rumeur pour venger la mort d’un chien, comme dans les Brigands de Schiller, pure imitation : mais pour des tètes allemandes…

le chevalier. Dis-moi tout.

diégo. Un jour…

le chevalier. Cela commence comme un conte.

diégo. Et cela deviendra peut-être de l’histoire, et de l’histoire sanglante.

le chevalier. J’écoutte.

diégo. Tu sais que dans chaque université les étudiants élisent un roi.

le chevalier. Partout de la servitudeo.