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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/227

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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

comprendre… Oh ! mon Dieu ! les voilà bien ces lignes tracées au crayon…

« Il y a une heure de chaque soirée où votre mari se rend d’ordinaire au château… à cette heure-là, je le sais, vous avez l’habitude de prier dans votre oratoire, dont une porte donne sur le cloître des Augustins. Laissez seulement une clef à cette porte, ordinairement fermée : cela paraîtra, si l’on s’en aperçoit, l’effet d’une négligence, et suffira pour que je puisse parvenir auprès de vous, si vous prenez soin d’éloigner vos gens de cette partie de la maison. Votre honneur sera-t-il rassuré par le choix que j’ai fait d’un tel lieu pour notre entrevue ? C’est dans un oratoire, devant Dieu, que je prendrai congé de vous, pour tout jamais peut-être… ce sera la veille du 18 octobre… et c’est ce jour-là même, qu’en 1813 je me dévouais à la mort… »

Cette dernière ligne est leur devise à tous !… Mon Dieu ! ne suis-je pas appelée à détourner Frantz d’une résolution funeste à lui-même, funeste à mon mari ? J’irai. Frantz ne demande aucune réponse… j’ai la clef… lorsque la nuit sera tombée, j’ouvrirai cette porte comme pour mieux entendre les chants du cloître… Ah ! n’y a-t-il pas une faute dans tout cela ? (Elle sonne.) Qui fait ce bruit ?

un domestique. Quelques personnes qui attendent monseigneur.