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Page:Nerval - Lorely, 1852.djvu/283

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SCÈNES DE LA VIE ALLEMANDE.

le chevalier. Bien. Je vois avec joie que Votre. Excellence ne ménage plus les ennemis de l’État.

léo. C’est que ce ne sont plus seulement des conspirateurs que je poursuis, ce sont des assassins : toute ma vie, monsieur, je verrai ce malheureux Waldeck frappé, étranglé devant moi, sans que je pusse lui porter secours…

le chevalier. Et puis, ne serait-il pas insensé de risquer votre vie, précieuse à l’État, à faire de la clémence ? Demain matin, vous viendrez reconnaître les quinze tètes dont nous n’avons vu que les masques, et la plus consternée sera assurément celle du Vengeur.

léo. Quinze têtes ! jamais !… Il y avait dans tout cela beaucoup d’égarements, de folie. Des fanatiques de l’antiquité !… Je les fais arrêter parce qu’ils sont dangereux, mais non pas seulement pour moi. Ils seront jugés, condamnés à quelques années de séjour dans une forteresse. Ils le méritent… Un service, monsieur !…

le chevalier. Parlez, monseigneur.

léo. Je suis encore ministre ; je puis rester ministre si je veux ; mais, quoi que je fasse demain, ma signature de cette nuit est toujours une signature ministérielle. Voici un bon de 20,000 florins sur le trésor : c’est une fortune. J’en devrai parler au prince ; son consentement n’est pas douteux. Vous avez rendu un immense service à l’État, quels