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Page:Nerval - Napoléon et la France guerrière, 1826.djvu/16

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N’y protègent leurs os, que le vent des montagnes
Enlève dans sa course, et rejette aux campagnes ;
Ils n’ont pas revêtu le funèbre linceul.
Quoi, ces fiers conquérans, que la mort seule arrête,
Ces preux, qui de l’Europe avaient fait la conquête,
N’ont pu conquérir un cercueil !…

Un cercueil, des flambeaux, et des chants funéraires,
Gardez cet appareil pour les mortels vulgaires ;
Aux pompes des humains ils ne demandent rien…
Mais la postérité gardera leur mémoire,
Et les échos des temps promèneront leur gloire
Dans les climats les plus lointains.


*

Portons, portons encor les yeux sur cette plaine,
Admirons cette ardeur, ce noble empressement
De courir, de voler vers une mort certaine :
Arrêtez !… Mais l’honneur à la mort les enchaîne,
Tous, d’un commun accord, ont juré noblement
De vaincre ou de mourir pour la cause commune ;
Ils n’ont pu triompher de l’ingrate fortune,…
Et le trépas acquitte leur serment !

Écoutez les foudres brûlantes,
De tant de peuples assemblés ;
Voyez, dans ces plaines sanglantes,